(XLIX-551) Dépot de testament olographe 4 9bre 1733

Au nom du pere du fils et du st esprit ainsi soit il
que le seigneur me fasse la grace de trouver
misericorde devant lui en ce dernier jour

entre les devoirs que l'arret prononsé contre tous les
hommes leur prescrit celui d'etendre leur prevoyance au dela
du tombeau m'engage à donner à mes enfans des marques
de ma tendresse et à ceux que la divine providence a attaches
à mon service les recompenses qu'ils ont mérités l'eglise où
réside l'esprit qui sanctifie les devoirs de la nature regarde
les testamens comme un acte de religion elle veut que la
sagesse des dispositions de ses enfans soit une source de
benedictions et de paix pour leur posterité, que les effets de
leur charité survivent à eux mesmes, et qu'animé par des
motifs dignes de leur foy, la gloire de dieu soit la seule fin
d'une action que des veües humaines font faire à tant d'autres
en faveur de leurs descendans.

dans le desir de me conformer à ses sentimens, je me prosterne
devant le pere des misericordes pour obtenir la remission de
mes pechés, et le bonheur de celebrer eternellement ses bienfaits,
remplie de la plus vive reconnaissance de la grace qu'il m'a
faite de lever l'anathesme de ma naissance en me ramenant dans
le sein de l'eglise, je le supplie avec ardeur de conserver mes enfans dans
un attachement invoilable à l'unité de sa doctrine et de sa societé, et de
perpetuer la mesme fidellité dans leur race la plus esloignée, fondant mon
esperance pour le salut et les moyens qui y conduisent sur les seuls
merite Jch, mon sauveur, l'autheur et le consommateur de ma foy,
enfin après avoir imploré les lumières du st esprit sans lequel
rien n'est bon dans les hommes, et avoir demandé à la ste vierge et
à tous les saints le secours de leur intercession, j'ay fait les dispositions
suivantes.

premierement je veux et ordonne estre enterrée dans le
cimetiere de la paroisse sur laquelle je decederai, et apres la
celebration du st sacrifice, je deffend tout appareil contraire à
la modestie et à l'esprit de penitence en conservant neanmoins
la decence que l'eglise a toujours pratiquée comme un signe de la
foy de la resurrection.

je donne et legue à messieurs les écclésiastiques de la communauté de
la paroisse de st benoist la somme de trois cent livres une fois payée, les
supliant de se souvenir de moy dans leurs prieres et specialement au
st sacrifice

je donne et legue aux pauvres de la ditte paroisse de st benoist la
somme de cinq cent livres une fois payée

je donne et legue à messieurs les écclésiastiques de la paroisse de st pierre
de ruel la somme de soixante livres une fois payée, les priant
humblement de m'accorder leurs prieres particulierement au st autel

je donne et legue aux pauvres de la ditte paroisse de st pierre de ruel
la somme de trois cent livres une fois payée dont le tiers sera
employé en livres comme epistre et evangiles et heures traduites en
françois et que ma belle fille distribuera de concers avec mr le curé
+ et à mon fils
je donne et legue à ma belle fille + la somme de mil livres une fois payée
pour employer en oeuvres de charite dont nous sommes convenuess
de vive voix, sans qu'on puisse lui demander comte de l'usage
qu'elle en fera me confiant pleinement à sa prudence

je donne et legue à pierre marret les arrerages sa vie durant du
contract de deux mille livre de principal constitué sous son nom.


je donne et legue à jeanne rabbé ma femme de chambre en
cas qu'elle soit à mon service au jour de mon deceds ma garderobe
le lict où elle couche à paris et quatorze cent livres une fois
payée, je donne aussi à sa niesse manon si elle est alors à
mon service la somme de trois cent livres une fois payée

je donne et legue à louis endiyé ancien domestique la somme
de cent cinquante livres de pention viagere par chaque annee
je lui conseille de demeurer au service de mon fils à qui je le
recommande. cela lui tiendra lieu de gage

je donne et legue à chevallier et à doucin s'ils sont à mon service
lors de mon deceds la somme de quattre cent livres à chacun une fois payée
++ nommee billard
MC
+++ je veut que les legs
sy contre soit execute
encore que les personnes
ne soi plus dans la
maison, j'augmente
le legs de chouette
de cinquante livres
M caillard +++
je donne et legue à fanchon, à pillier, à la jardinière ++ à chacune
la somme de cent livres une fois payée en cas qu'elles soient dans
la maison lors de mon deceds et si chouette y est aussi je lui
donne cinquante livres une fois payée

je prie mr d'ettey de vouloir bien accepter comme une pettite
marque de mon amitié la somme de cent livres que ma belle
fille lui donnera en livres tels qu'ils luy conviendrons

je donne et legue à ma pettite fille élisabeth henriette de la
chapelle la somme de six mil livres une fois payée
et quant au surplus de tous mes biens meubles et immeubles, je
les donne et legue à mon fils à l'effet de quoi je le fais et
institue mon legataire universel, et au cas qu'il me precede
je fais les enfans de mon dit fils mes legataires universels
au lieu de leur pere decede.

je nomme Monsieur de fleury procureur general pour 
executeur du present testament, le suppliant de vouloir bien
en prendre le soin par une suite de l'amitié qui nous a toujours
unis. il a réuni en ma faveur toute celle dont sa famille m'a
honnorée et je m'acquitte en sa personne du retour de cette
union par les sentimens les plus tendres et la confiance la
plus parfaite.

je declare qu'on a obmis dans l'inventaire fait apres le deceds
de mon mari deux effets dont les titres ne furent rapportes
que longtemps après, et qui dailleurs n'estoient pas dans l'êtat
de son bien dressé par lui mesme, l'un de ses effets consiste
en deux maisons scises à chastres donnée présentement à rente pour
140# par an, l'autre en une somme de cinq mil livres qui
estoit à recouvrer sur coubert, il appartient un quart dans
ces deux sommes à mes petits enfans de la chapelle comme
représentant leur mère à la succession de mon mari, mon fils
confond le reste en sa personne tant comme héritier de son
pere que comme mon legataire universel.

je declare encore que l'intention de mr chardon et la mienne
a toujours esté que lors du partage de nos successions
ma fille de la chapelle ne fut tenue d'aucun rapport des
pierreries que nous lui avons donnée lors de son mariage
dans le dessein de compenser cet avantage en donnant
la bibliotheque à mon fils sans estre sujet aussi à aucun rapport
la mort a prévenue tout ce que mon mari vouloit faire pour
son fils, mais j'attends du respect que ses enfans doivent à sa
memoire, qu'ils executeront fidélement cette partie de ses intentions
dont ils ont estés instruits de son vivantg, au deffaut de ma fille
mr de la chapelle doit ce temoignage à la verité et à la justice.

c'est aussi pour satisfaire à ma conscience et à la justice que je
supleai par le peu qui me reste aux avantages considerables que
mon mari destinoit à son fils dont il n'est privé que par un
malheur trop ordinaire à une infinité de personnes qui different
à un temps qui leur est souvent refusé l'ordre qu'ils veulent


mettre dans leur famille c'est le motif qui m'a engagée il y
a deja plusieurs annees à faire lon testament tel qu'il est aujourd'huy
et je ne l'ai recrit que pour changer quelques legs particuliers.
il ne me reste qu'à conjurer pour la dernière fois mes enfans
de conserver entre eux la concorde par le lien d'une sincère amitié
qu'ils se souviennent sans cesse de la sainteté de leur vocation
et qu'ils soient encore plus unis par la pratique des commandemens
de dieu que par les noeuds d'une mesme origine, mes desirs les
plus ardens ont toujours eu leur salut eternel pour objet, et je
ne me console de la separation qui va estre entre nous que par
l'espérance de les presenter un jour au seigneur comme estant
doublement le fruit de mes entrailles, que l'amitié qu'ils ont pour moy
leur serve donc d'un nouveau motif de fidelité aux loix de la
religion, et plaise à dieu que mes cendres les invitent en quelque
manière que ce soit à parvenir à la gloire de la resurrection

je recommande ma fille la religieuse à mes autres enfans, je luy
donne ma bénédiction de tout mon coeur, je les prie tous de
continuer de demander sans cesse à dieu la conversion de ma
soeur et de lui rendre tous les services possibles.

enfin je prie toutes les personnes avec qui je suis unie
par le sang ou l'amitié de m'accorder le secours de leurs
prieres, le seigneur qui leur en inspirera la charité
en sera la récompense et m'acquittera de ce que je leur dois

fait à rueil le seizieme jour de juillet mil sept cent vingt
quattre après avoir releu le present testament revoquant
tous autres que j'aurais ci devant fait
_______________________________________ Marie Caillard

j'ajoute au present testament les dispositions suivantes
je remest à ma pettite fille de la chapelle toutes les pentions
qu'elle peut me devoir pour elle et pour sa femme de
chambre, je lui donne et legue les deux flambeaux d'argent
qui ne sont pas à mes armes, trois cuilliers et trous fourchettes
d'argent, la somme de deux cent livres pour achetter un post
d'argent, plus la somme de huit cent livres pour faire monter
le lit et les chaises que je lui ai donné
je donne à st flour portié s'l est encore à mon service
la somme de deux cent livres une fois payée
fait à paris le huit aouts mil sept cent trente trois
_______________________________________ Marie Caillard

j'ajoute cent livre aux quatorze cent livres que je donne
à jane rabé dans le present testament. Marie Caillard