Dieppe - Polletaise
Polletaise</title>
Photographie : Georges MARCHAND
(collection de Monsieur Pierre VERBRAEKEN)

La Polletaise

Elle est un peu patricienne,
La Polletaise aux jupons courts ;
Et quand elle vêt ses atours
D'une élégance très ancienne,
Où le rouge éclate toujours,
On revoit la Vénitienne.

On le sait. Dans la nuit des temps,
Elle vint de la rive antique
Où la mer aristocratique
Épouse un doge tous les ans,
Tu naquis sur l'Adriatique
Polletaise aux yeux éclatants !

Son rire franc, sa coiffe blanche
L'ont rendue aimable en tous lieux,
Et quand ses petits pieds nerveux
Claquent du sabot le dimanche,
Il accourt, paré de son mieux,
Le brave marin de la Manche.

Flots de Venise ou du Pollet,
Elle entendit vos mélopées,
Ses fines mains très occupées,
Autour des mailles d'un filet,
Ou bien, d'eau bénite trempées,
En égrenant son chapelet.

Car la Polletaise, pieuse,
Redoute les vents de l'hiver
Qui sont envoyés par l'enfer
Pour rendre la mer furieuse.
En a-t-elle dit des Pater
Dans le but d'apaiser la gueuse ?



Georges Lebas,
Rimes Dieppoises, 1902
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