Le Phare d'Ailly

Sentinelle exposée au bord de l'Infini
Pour fouiller l'horizon où naissent les orages,
Le phare de l'Ailly méprise  les outrages
Du flot, crachant l'écume au pied de son granit.

Son regard fulgurant, que nul vent ne ternit,
Démasque d'un éclair les dangereux parages;
Et, tournant doucement vers les bons atterrages,
Il révèle le port abrité comme un nid.

Ainsi, le philosophe, à l'écart de la foule,
Plane, en sa tour d'ivoire, au dessus de la houle
D'envieux ignorants toujours prêts à honnir.

La lumière jaillit de ses grandes pensées,
Et, découvrant l'écueil sous les ombres massées,
Il éclaire au-delà le seuil de l'avenir.

Georges Lebas,
Rimes Dieppoises, 1902
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